Qu’est-ce que le dark web ? Mythes, réalités et risques de cybersécurité
Le World Wide Web est bien plus vaste que ce que vous voyez sur Google. En dessous se trouvent le deep web et, plus loin encore, le dark web, un réseau caché souvent entouré de mystère, de spéculation et de désinformation. Mais qu’est-ce que le dark web exactement ? Plus important encore, devons-nous le craindre ou mieux le comprendre ?
Le dark web est une section d’Internet qui n’est pas consultable par les moteurs de recherche traditionnels, où règnent la confidentialité et l’anonymat. Il est connu pour ses activités et transactions illégales, telles que le commerce de drogues illicites, d’armes et de ressources pour l’usurpation d’identité. Mais il n’y a pas que le crime et le secret. Il offre également un refuge aux lanceurs d’alerte, aux journalistes et à tous ceux qui cherchent à s’exprimer librement sous des régimes oppressifs.
Qu’il s’agisse de menaces pour la sécurité de l’information (vol d’identité, logiciels malveillants), d’escroqueries ou de surveillance, naviguer sans précaution sur le dark web peut entraîner de réels dangers. Le dark web est-il donc un monde souterrain sans foi ni loi ou une frontière mal comprise pour la vie privée et la liberté d’expression ? Voici ce qu’il faut savoir.
Table des matières
Qu’est-ce que le dark web ?
Caché, crypté et hors de portée des moteurs de recherche traditionnels, le dark web est un lieu où l’anonymat est roi. Les utilisateurs se glissent dans ce royaume de l’ombre en utilisant un navigateur anonyme, comme le navigateur Tor (The Onion Ring), et un réseau privé virtuel (VPN) pour protéger leur identité et sécuriser leur connexion.
Mais que se passe-t-il au-delà du voile ? Le dark web fourmille d’activités, tant licites qu’illicites. S’il offre l’anonymat aux défenseurs de la vie privée et aux lanceurs d’alerte, il constitue également un terrain propice aux cyber-menaces. Plus de la moitié de ses entrées présentent des risques potentiels pour les personnes et les organisations. Pour contrer cela, la surveillance du dark web est devenue essentielle pour détecter ces menaces et protéger la vie privée numérique.
Fonctionnement du dark web
Le dark web fonctionne comme un marché anonyme où les biens et services illégaux sont accessibles en quelques clics. Les articles les plus couramment échangés sont les suivants :
- Vol de données financières : numéros de cartes de crédit, identifiants de comptes bancaires et cartes de débit prépayées.
- Comptes compromis : services de streaming comme Netflix, profils de médias sociaux et identifiants d’abonnement.
- Articles de contrefaçon : fausse monnaie, faux documents et fausses pièces d’identité.
- Drogues et armes : tous les types de drogues illégales et d’armes à feu.
- Services financiers illicites : opérations de blanchiment d’argent, faux billets et vols de comptes bancaires ou de données de cartes de crédit.
- Extrémisme et terrorisme : idéologies radicales, matériel de propagande et guides pratiques de la violence.
- Outils et services de piratage : les logiciels malveillants, les kits d’exploitation et les « pirates informatiques à louer ».
- Données personnelles et usurpation d’identité : vol de dossiers médicaux, de photos privées et d’informations personnelles sensibles.
Mais le dark web n’est pas qu’ombres et crimes. C’est une bouée de sauvetage pour les militants, les lanceurs d’alerte et les journalistes qui recherchent des espaces sûrs pour se connecter et s’exprimer librement. Les plateformes sociales bourdonnent de conversations anonymes, alors même que les forces de l’ordre traquent les réseaux criminels dans l’ombre.
Pendant ce temps, les experts en cybersécurité surveillent le dark web, à la recherche de données volées et de nouvelles menaces. Si vos informations font surface dans ces profondeurs obscures, vous ne pouvez pas faire grand-chose. Mais connaître les risques encourus est un premier pas vers la défense.
Qui a créé le dark web ?
Le dark web n’a pas été créé pour servir de refuge aux cybercriminels, il a été développé dans un but très différent. Créée à l’origine par l’armée américaine pour permettre des communications sécurisées et anonymes, cette couche cachée d’Internet s’est depuis transformée en un souterrain numérique complexe.
À la fin des années 1990, un outil puissant, l’Onion Router (ou Tor, en abrégé), a été conçu pour protéger les opérations militaires, en particulier dans les zones hostiles où le secret peut faire la différence entre la vie et la mort. Cependant, Tor n’est pas resté longtemps dans l’ombre. Il a rapidement dépassé ses origines militaires pour devenir le navigateur Tor, une passerelle gratuite vers les ruelles numériques du dark web. C’est aujourd’hui l’un des navigateurs les plus utilisés pour accéder au dark web.
Recevoir des informations par e-mail
Inscrivez-vous pour recevoir des informations et ressources additionnelles sur les TI et les technologies qui y sont associées !
Comment vos données seront utilisées
Veuillez consulter notre avis de confidentialité. Ce site est protégé par reCAPTCHA et les conditions d'utilisation de la politique de confidentialité de Google s'appliquent.
Dark web vs deep web
Imaginez Internet comme un iceberg : ce que vous voyez n’est qu’une fraction de ce qui se trouve sous la surface. Décortiquons les trois couches qui composent le monde en ligne :
- Web ouvert (4 %–5 %) : également appelé « web clair », il s’agit de tout ce qui est indexé par les moteurs de recherche : sites d’information, blogs, plateformes sociales et boutiques en ligne. C’est la partie visible et publique d’Internet.
- Deep web (90 %–95 %) : l’énorme couche cachée sous la surface comprend des contenus privés tels que les comptes de messagerie, les services bancaires en ligne, les services d’abonnement et le stockage dans le cloud. Tout ce qui nécessite une connexion ou n’est pas indexé par les moteurs de recherche. Chaque jour, vous accédez au deep web sans vous en rendre compte, en vous connectant à un compte ou en visionnant des contenus payants. Si la plupart des sites sont légitimes, certains hébergent des sites de piratage et des forums illicites.
- Dark web (< 1 %) : petite mais tristement célèbre partie du deep web, le dark web n’est accessible qu’au moyen d’outils spécialisés tels que le navigateur Tor. Qu'est-ce que Tor ? En termes simples, il s’agit d’un outil qui utilise le routage en oignon pour masquer les identités et crypter le trafic. Les utilisateurs s’appuient sur des outils de protection de la vie privée tels que DuckDuckGo et d’autres navigateurs du dark web pour naviguer sur des sites Web cachés du darknet avec des domaines .onion.
Découverte de sites Web du darknet
Pour garantir ce niveau d’anonymat, les sites Web du darknet dissimulent leur présence dans le dark web, accessible uniquement par les moteurs de recherche du dark web. Bien qu’ils ressemblent à des sites Web ordinaires, ils présentent des différences importantes. La première est la structure de dénomination. Au lieu des terminaisons familières telles que .com ou .net, ces sites se cachent derrière des domaines .onion : des adresses uniques exclusives au réseau Tor.
Oubliez les URL accrocheuses : les sites Web du darknet préfèrent le chaos. Leurs adresses sont souvent un amalgame de lettres et de chiffres, presque impossible à mémoriser, comme la fameuse « eajwlvm3z2lcca76.onion », qui servait autrefois de porte d’entrée au tristement célèbre Dream Market.
Mais le danger est toujours à portée de clic. Les escrocs rôdent sur le dark net, lançant de fausses vitrines qui disparaissent du jour au lendemain, souvent avec l’argent de leurs victimes. Même les marchés établis ne sont pas à l’abri. En 2017, une opération policière mondiale a fait tomber AlphaBay, la plus grande place de marché illégale du dark web, ébranlant l’économie souterraine.
Comment accéder au dark web
Accéder au dark web n’est pas aussi mystérieux qu’il y paraît. Tout commence avec Tor, qui conserve votre identité sous plusieurs couches de cryptage. Le navigateur Tor dissimule les adresses IP et l’activité de navigation en redirigeant le trafic Web à travers une série de serveurs proxy gérés par des milliers de volontaires à travers le monde. Ce processus, appelé « routage en oignon », protège les utilisateurs de la surveillance et du suivi.
Une fois installé, le navigateur fonctionne comme un navigateur web classique. Cependant, la recherche d’informations peut s’avérer difficile car le dark web n’utilise pas d’index centralisé pour localiser le contenu. Au lieu de cela, les utilisateurs s’appuient sur des moteurs de recherche du dark web tels que DuckDuckGo ou des annuaires, tels que Hidden Wiki et ses dérivés, pour trouver des sites Web en .onion. Mais la vie privée est fragile : il est essentiel d’utiliser un réseau privé virtuel (VPN) et Tor et de maintenir des habitudes de sécurité strictes.
Le dark web est-il illégal ?
Le dark web a souvent mauvaise presse, mais y accéder n’est pas illégal. Ce qui compte, c’est ce que vous y faites. Le simple fait de naviguer sur les sites Web du darknet à l’aide du navigateur Tor ou d’utiliser des moteurs de recherche privés à des fins de recherche est parfaitement légal. En fait, le dark web joue un rôle essentiel en offrant un espace de communication anonyme et de partage de données sécurisé.
Tout ce qui se trouve sur le dark web n’est pas forcément illicite ou criminel. Cette partie cachée d’Internet a de nombreuses utilités :
- Communication sécurisée : des outils tels que le navigateur Tor permettent aux personnes de communiquer librement dans des pays où la liberté d’expression est restreinte.
- Ressources en matière de protection de la vie privée : le dark web donne accès à des guides sur les services de messagerie cryptée et les systèmes d’exploitation anonymes, qui aident les utilisateurs à préserver leur vie privée en ligne.
- Découvertes inhabituelles : les utilisateurs peuvent trouver des éditions complètes de livres rares et des collections d’articles politiques provenant des principales sources d’information.
- Discussions anonymes : les forums comme IntelExchange offrent des espaces pour discuter de l’actualité de manière anonyme et sans crainte de surveillance.
- Plateformes pour lanceurs d’alerte : des sites tels que la version « dark web » de WikiLeaks offrent aux lanceurs d'alerte des canaux sûrs pour partager des informations sensibles.
- Accès aux médias sociaux : les réseaux sociaux cachés fonctionnent comme un Facebook pour les personnes soucieuses de leur vie privée, permettant aux utilisateurs de se connecter, de partager et d’interagir sans sacrifier l’anonymat. Contrairement aux plateformes traditionnelles, ces réseaux appliquent des politiques strictes en matière de protection de la vie privée, ce qui garantit que les utilisateurs restent introuvables.
Types de menaces sur le dark web
Si le dark web assure confidentialité et anonymat, il recèle également des dangers et des risques importants. Si vous envisagez de l’explorer, voici quelques menaces courantes à surveiller :
- Logiciels malveillants (malware) : le dark web regorge de virus, de logiciels espions et de ransomwares, souvent dissimulés dans des téléchargements ou des liens. En cliquant sur la mauvaise publicité ou en visitant un site Web compromis du darknet, vous pouvez infecter votre appareil et exposer vos données.
- Escroqueries et fraudes : les escrocs prospèrent sur le dark web, en créant de fausses vitrines et en mettant en place des systèmes de phishing. Il est fréquent que les utilisateurs paient pour des biens ou des services, mais que le vendeur disparaisse sans avoir livré.
- Vol de données : les voleurs d’identité se cachent sur les forums, où ils échangent des informations d’identification volées. Le simple fait d’interagir avec des vendeurs peu scrupuleux peut mettre vos informations personnelles en danger.
- Pièges du pot de miel : certaines places de marché illégales sont en fait gérées par les forces de l’ordre pour prendre les criminels en flagrant délit. L’achat ou la vente de produits illégaux sur ces sites peut conduire à une arrestation.
Le dark web : risques et rôle des normes
Les cyber-menaces devenant de plus en plus sophistiquées, les organisations surveillent de près le dark web. Les entreprises utilisent la surveillance du dark web pour rechercher des fuites de données, des informations d’identification volées et des indicateurs de violation, ce qui les aide à traquer et à identifier les auteurs. Mais soyons réalistes : la meilleure défense ne consiste pas à jouer les détectives après coup. Le mieux est de s’assurer que vos informations sensibles n’atterrissent jamais sur ce système.
C’est là qu’interviennent les normes et les meilleures pratiques en matière de sécurité de l’information. La première ligne de défense consiste à reconnaître les risques et à mettre en œuvre des mesures de cybersécurité afin d’identifier, de protéger, de défendre, de répondre et de récupérer en cas d’attaque. Un cadre de cybersécurité solide commence par le management du risque et une protection structurée :
- Établir un cadre de sécurité : ISO/IEC 27001 aide les organisations à élaborer une approche globale de la gestion des risques, tandis que la norme ISO/IEC 27005 les aide à identifier les risques.
- Mettre en œuvre des contrôles de sécurité : ISO/IEC 27002 fournit une série de contrôles des meilleures pratiques pour atténuer les risques et protéger les données critiques.
- Déployer une stratégie de cybersécurité : l’ISO/IEC TR 27103 explique comment exploiter les normes existantes dans un cadre de cybersécurité complet afin d’identifier, de protéger, de détecter, de répondre et de récupérer des cyber-attaques.
En intégrant ces normes dans leur cadre de sécurité, les organisations peuvent réduire au minimum leur exposition, renforcer leurs défenses et garder une longueur d’avance sur les cyber-criminels.
- ISO/IEC 27001:2022Systèmes de management de la sécurité de l'information
- ISO/IEC 27002:2022Mesures de sécurité de l'information
- ISO/IEC 27005:2022Préconisations pour la gestion des risques liés à la sécurité de l'information
- ISO/IEC TR 27103:2018Cybersécurité et normes ISO et IEC
Une cybersécurité à toute épreuve
À l’ère de la connectivité numérique, la protection des informations sensibles, critiques et personnelles contre les cyber-menaces, y compris celles provenant du dark web, est un impératif stratégique. Les Normes internationales offrent aux organisations un cadre solide et mondialement reconnu pour renforcer la résilience en matière de cybersécurité, atténuer les risques et protéger les données sensibles et critiques contre les accès non autorisés et les utilisations abusives.
Pour garder une longueur d’avance sur les cyber-criminels, il ne suffit pas de prendre des mesures réactives ; il faut adopter une approche proactive et systématique fondée sur l’amélioration continue, la sensibilisation aux risques et l’adhésion à des protocoles de sécurité éprouvés. En intégrant une sécurité de haut niveau dans leurs opérations, les organisations peuvent non seulement réduire leur exposition aux cyber-menaces, mais aussi renforcer la confiance dans un monde de plus en plus axé sur les données.